Avertissement :

Dans le cadre de ses activités de professeur, directeur de thèses, Michel Maffesoli s'est trouvé au centre d'une polémique qui a défrayé la chronique. Afin que ceux que cela intérsse, puissent se faire une idée du problème, nous publions ici les documents que nous a fait parvenir Michel Maffesoli. Nous n'avons pas jugé utile d' y faire figurer les articles de presse et autres prises de position condamnant l'attitude de M. Maffesoli. Pour nous, l'affaire est claire: M. Maffesoli n'entendait pas réhabiliter l'astrologie mais diriger une thèse SUR la réception de l'astrologie dans la société.

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A propos de la polémique suscitée par la thèse d'E.Teissier


Une pétition récente appelle les autorités universitaires à surseoir à l'enregistrement de la thèse de madame Hanselmann (dite E.Teissier), thèse de sociologie sur l'astrologie, avant examen du contenu de sa thèse par un comité d'experts.

Signataires de cette lettre ouverte, nous nous élevons contre cette atteinte à la liberté universitaire, estimant que dès lors que des autorités académiques, un directeur de thèse et un jury ont estimé qu'un travail était digne d'être soutenu et que la candidate avait mérité le titre de docteur, il n'appartient à aucun expert de la discipline ou d'autres disciplines de remettre en cause leur jugement.

Le respect du choix par les candidats et leurs directeurs, du sujet de thèse, des méthodes utilisées, des hypothèses et des conclusions développées, fait partie de la tradition académique des universités françaises, qui acceptent tous les candidats ayant satisfait aux conditions de diplômes et témoignant des aptitudes requises.

Les déclarations ultérieures faites par la candidate, auxquelles n'a souscrit aucun membre du jury d'ailleurs, pas plus que les polémiques rapportées par la presse, ne sauraient invalider le jugement d'un jury souverain, élaboré après lecture critique de la thèse et consigné dans un rapport établi et signé par tous ses membres à la suite de la soutenance.

Accepter que l'université devienne le lieu de pratiques inquisitoriales, par lesquelles chaque courant scientifique, pourrait contester les recherches de courants concurrents, revient à la soumettre à une logique de pouvoir, peu favorable au développement du débat intellectuel et à l'élaboration des savoirs.

 

Pour soutenir M. Mafesoli, envoyez un message au CEAQ: ceaq@univ-paris5.fr


Eloge de la connaissance ordinaire.

 

On veut oublier les outrances verbales, les insultes et les à peu près théoriques, qui s'apparentent plus à un règlement de comptes qu'à un vrai débat, pour s'en tenir au seul élément conséquent du " point de vue " de Baudelot et Establet, ce qu'ils appellent le " culte du vécu ", ce que pour ma part, je préférerais nommer la recherche du vivant.

C'est bien sûr dans ce cadre général qu'il convient de situer la thèse de madame G. Hanselmann (dite E. Teissier) sur " l'ambivalence fascination-rejet de l'astrologie ", que j'ai dirigée et qui fut soutenue le 7 avril dernier à l'université de Paris V, devant un jury présidé par Serge Moscovici. Les diverses étapes du " contrôle " universitaire ont fait l'objet d'une très grande attention. On peut regretter, et je le regrette personnellement, le battage médiatique et mondain qui fut fait autour de cette soutenance. Un titre de docteur dans telle ou telle matière ne garantit en rien ce qui peut être dit ou fait hors de la discipline. Mais nous ne pouvons pas sélectionner les candidats sur leurs intentions. Ou alors, et ce pourrait être intéressant, il faudrait élargir le débat et réfléchir en quoi la recherche scientifique conforte ou non la technocratie militaro-industrielle, le saccage de la planète ou la répartition inégale des richesses.

En revanche, pour en revenir à la thèse en question, comme cela fut le cas pour d'autres thèses sur le phénomène de la croyance, ceux qui prendront la peine de s'informer sur le fond (thèse et rapports) verront que l'enjeu social et épistémologique (analyser les formes de croyance en l'astrologie) est d'importance.

Dans une telle perspective, analyser le vivant n'est nullement l'indice d'une abdication de l'esprit, mais bien le contraire. Puisqu'il en est fait état, ma singularité (singularité qui tant en France qu'à l'étranger ne laisse plus indifférent) depuis un quart de siècle consiste à insister sur la nécessité de penser rationnellement ce qui est considéré comme " non rationnel ". Repérer son efficace sociale. Et pour peu que l'on ait de la culture sociologique, l'on sait le rôle qu'occupe le non-logique, la passion, l'imaginaire dans ce que Peter Berger et Thomas Luckmann appellent la " construction sociale " de la réalité. Même Durkheim qui appelait à traiter les " faits sociaux comme des choses " a insisté, à maintes reprises sur l'importance des représentations, quoi que l'on puisse penser de celles-ci.

Reprenant comme titre d'un de ses livres l'expression de Bergson : " la Machine à faire des dieux ", S. Moscovici a bien montré comment toutes les grandes œuvres sociologiques (Simmel, Weber …) eurent à se colleter à ce problème : la croyance est une réalité, il convient de la penser.

En la matière, l'astrologie est une de ces croyances et l'analyser sociologiquement ne consiste sûrement pas à lui donner un statut scientifique. Établir une équivalence entre " ma " sociologie et l'astrologie est un amalgame dont on pouvait penser la pratique révolue.

Mais peut être faut-il se purger de ses convictions pour bien comprendre l'évolution de nos sociétés ? En tout cas, c'est ce que, depuis longtemps, je m'efforce de faire et c'est également ce que j'essaie d'enseigner à mes étudiants. Ce qui ne manque pas d'irriter mes détracteurs. Mais il me semble que c'est un bonne manière d'analyser ce qui est et non ce que l'on aimerait qui soit. En effet, la " logique du devoir être " (M.Weber), source de tout moralisme, est la pire des conseillères. Elle conduit tout droit, à la police de la pensée dont on sait les méfaits. La logique inquisitoriale n'est pas loin, dès lors que l'on s'érige en juge de qui doit être pensé et de comment on doit penser.

Certes, il est possible de cantonner la sociologie à reproduire, sempiternellement, sur la base d'une philosophie sociale héritée du siècle dernier, des débats d'écoles qui n'intéressent qu'elle même. Il est à cet égard, instructif d'observer la lassitude éprouvée à l'endroit des querelles de chapelles qui ont lieu en sociologie. Là est la vraie " autodérision " d'une discipline qui n'est plus en prise avec la réalité sociale.

Plus risquée est une pensée, je ne dirai pas singulière, mais typique, c'est-à-dire ayant l'intuition des idées-forces d'une époque donnée, et s'employant à en faire ressortir les " caractères essentiels ". (Durkheim). Parmi celles-là, à l'opposé d'une structuration institutionnelle de la société, l'émergence d'un imaginaire des " tribus " dans tous les domaines du social. Ou encore la transfiguration du politique, permettant de mieux saisir l'étonnante abstention et l'important phénomène des " non inscrits " exprimant la saturation du mécanisme de représentation (philosophique, politique, social) sur lequel se fondent la majeure partie des analyses sociologiques. Et que dire de la " proxémie " (Ecole de Palo Alto), ou du retour du " nomadisme " sous ses diverses modulations. (affectives, idéologiques, professionnelles) …)

Est ce de " l'interprétation gratuite " ou de " l'analyse spontanée " comme on me le reproche ? Peu importe, puisque empiriquement cela a permis et permet de donner un cadre analytique cohérent aux recherches sur les tendances profondes de nos sociétés.

L'on pourrait dresser une liste fort longue d'études faites en France, au Brésil, en Corée sur la musique " techno ", les effervescences sportives, religieuses, le Minitel, la convivialité sur Internet, les tribus homosexuelles et autres manifestations du lien social ne reposant plus sur le contrat rationnel, mais sur un sentiment d'appartenance beaucoup plus émotionnel.

L'astrologie est une de ces " folies ". A côté de la voyance, du maraboutisme urbain et divers syncrétismes religieux, il suffit qu'elle soit là pour qu'elle soit, en effet, passible d'une " connaissance rationnelle ". Pas d'un rationalisme abstrait, ayant la réponse toute prête avant même de poser la question, mais de ce que j'ai appelé " une raison sensible ", s'employant à repérer le rôle des affects, celui des interactions et de la subjectivité. Toutes choses à l'œuvre, à la fois chez les acteurs sociaux, et chez le sociologue qui en fait la description.

Sans pouvoir, ici, le développer, rappelons au passage que, quoique nous soyons en France en retard d'une guerre, les débats méthodologiques de pointe dans la sociologie internationale insistent sur le rôle de l'implication, de l'observation participante, de la " typicalité ", toutes choses relativisant l'objectivisme suranné dont on peut difficilement faire l'unique critère scientifique.

Si la sociologie est en danger, ce n'est pas de ses audaces et de ses " outsiders ", mais bien d'un conformisme de pensée la rendant terne et ennuyeuse à souhait. Pour ma part je considère que la peur de l'étrange et de l'étranger est cela même qui conforte la dérision dans laquelle on commence à tenir cette discipline.

Fermer les verrous de nos universités en ayant peur du vivant engendre, à coup sûr, une folie obsidionale, celle de ce rationalisme morbide ayant peur de son ombre et donc la projetant à l'extérieur sur des thématiques interdites et des chercheurs dangereux.

Une raison ouverte à l'imaginaire, au ludique, à l'onirique social est autrement plus riche en ce qu'elle sait intégrer, homéopathiquement, cette ombre, qui aussi nous constitue.`

Voilà le vrai problème épistémologique soulevé par cette thèse. Voilà le risque que j'ai pris depuis deux décennies en acceptant des sujets de thèse refusés ailleurs. Bien évidemment j'ai toujours assumé et assume pleinement ce risque.

Au-delà de l'auteure de la thèse en question, pour laquelle la question ne se pose pas, on peut espérer que les menaces à peine voilées contenues dans l'article de Baudelot et Establet, ne serviront pas de prétexte, dans le secret des commissions, pour " liquider " des candidats dont le seul tort aura été d'étudier, avec rigueur, des sujets considérés comme tabous.

Parmi les différentes manières d'aborder les faits sociaux, aucune n'étant exclusive, celle qui le fait à partir du quotidien, du banal, de l'imaginaire, s'emploie à rester enracinée, sans a priori normatif ou judicatif, dans ce qui est l'existence de tout un chacun. Même si cela peut paraître paradoxal, une connaissance ordinaire.

On peut se demander, d'ailleurs, si ce n'est pas en étant outrecuidante, arrogante, moralisatrice, en bref, en ayant un savoir absolu et, en son sens étymologique totalement abstrait, c'est-à-dire en refusant d'analyser ce qui est, qu'une certaine sociologie dogmatique fait le lit des diverses formes de fanatismes qui, d'une manière sauvage, risquent de proliférer ? La question mérite d'être posée et débattue, si possible sereinement.

 

 

Michel Maffesoli

Professeur des universités.

Directeur du Centre d'Etudes sur l'Actuel et le Quotidien - Paris V

 


ACADEMIE DE PARIS

SORBONNE

 

UNIVERSITÉ RENE DESCARTES

PARIS V

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FACULTE DEs SCIENCES SOCIALES

12, rue Cujas

75230 CEDEX 05

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Tel/téléfax : 01 43.54.46.56

ceaq@univ-paris5.fr

CENTRE D'ETUDE SUR

L'ACTUEL ET LE QUOTIDIEN

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C.E.A.Q.

En Sorbonne, le 23.4.01

 

Note à propos de la thèse de madame Hanselmann (dite E. Teissier)

 

 

 

Quand j'ai décidé de diriger le DEA, puis la thèse de madame G. Hanselmann (dite E. Teissier), il s'agissait d'apporter une contribution significative à l'étude d'une " fait social ", dont on connaît l'ampleur. Je le précise dans les documents joints (en particulier note au président de l'Université Paris V) qu'il s'agit bien d'une thèse sur l'astrologie et non une thèse d'astrologie.

En congruence avec nombre de points de vue méthodologiques et épistémologiques en cours en sociologie (ainsi que cela apparaît dans les œuvres de P.Berger, T.Luckmann, A.Schutz, H.Becker) sur l'implication, l'observation participante, la sociologie compréhensive, la typicalité, on pouvait penser que l'activité, en tant qu'astrologue de Mme G.Hanselmann pouvait être d'un grand intérêt pour sa recherche. C'était, en tout cas, ce qui avait attiré mon attention.

Compte tenu du sujet et de la personnalité médiatique de l'impétrante, (dont il faut préciser qu'elle s'est réellement développée plusieurs années après qu'elle se fut inscrite en thèse) des collègues de mon université (Monique Hirschhorn, Bernard Valade) furent consultés. Après le dépôt de la thèse, qui était consultable au service des doctorats dès la mi- mars, outre les rapports préalables demandés à des collègues extérieurs à notre université (P. Watier de Strasbourg et P. Tacussel de Montpellier), B. Valade, en tant que responsable de l'école doctorale, l'a lue en intégralité, le vice-président, S. Ionescu, directeur de l'Institut de psychologie l'a consultée. Bien entendu, les membres du jury (moi-même, Serge Moscovici, président, Françoise Bonnardel, professeur de philosophie à Paris I, Patrick Tacussel, professeur de sociologie à Montpellier, Gilbert Durand quant à lui n'ayant pu assister à la soutenance du fait de la grève SNCF), comme l'attestent d'ailleurs leurs rapports, ont lu cette thèse en son entier, l'ont critiquée et appréciée, selon les critères de la discipline. Il paraît donc que toute tentative visant à remettre en cause ce jugement d'un jury composé de professeurs, dont certains sont internationalement connus et appréciés (G. Durand, S. Moscovici notamment) ne peut être considérée par eux que comme une remise en cause de leur légitimité scientifique. Si cette thèse peut être consultée par toute personne qui ne veut pas en parler gratuitement, il n'est pas question de la faire " expertiser " par d'autres que ceux qui, selon leur grade et leur qualité, l'ont fait, dans le respect total des procédures.

Je précise que la prise en compte de sujets qui, pour être " sensibles " n'en sont pas moins importants pour la compréhension de notre société, est une des caractéristiques du Centre d'Etudes sur l'Actuel et le Quotidien (CEAQ) que je dirige à Paris V. Dans une sensibilité théorique, proche de la neutralité axiologique weberienne, m'intéressent d'un point de vue intellectuel ce qui est et non ce qui " devrait " être. Je ne peux pas dresser ici la liste des thèses soutenues sous ma direction (ni celle de la quinzaine de professeurs ou maîtres de conférence en France et de la trentaine de professeurs dans diverses universités de par le monde), mais en vingt ans, à côté de sujets plus classiques, il y a eu des recherches sur la toxicomanie, le bouddhisme, la danse contemporaine, l'homosexualité, le Minitel convivial, les lieux de loisirs nocturnes, les utopies, la musique techno, les fans de chanteurs, les médecines douces etc. L'analyse de l'astrologie entrait dans ce cadre général.

Le résultat ? Une thèse moyenne, la mention en témoigne, avec des lacunes, des dérapages aussi, mais qui pour l'essentiel est conforme au projet affiché.

Comme c'est le cas pour des candidats de ce genre, une telle thèse, n'impliquant en rien le début d'une carrière d'enseignant (impossible d'ailleurs vu l'âge de la candidate) peut lui être utile à elle, en tant que bilan sur une pratique.( De la même façon que j'ai eu en thèse des médecins réfléchissant à leur pratique de manière sociologique, par exemple). Ce travail présente essentiellement un intérêt documentaire, pouvant être utile pour les sociologues attirés par l'étude du phénomène social de la croyance en général et de l'astrologie en particulier.

Je le répète, si certains avaient des velléités de soumettre cette thèse à une évaluation particulière, je ne m'y opposerais pas, n'ayant rien à cacher de son contenu, mais je demanderais, ainsi que Serge Moscovici, pour le principe, que toutes les thèses soutenues dans la dernière année, dans les universités de sociologie française, soient évaluées de la même façon. Une telle opération permettrait à notre discipline de se doter d'un appareil docimologique et relèverait, elle, de l'intérêt général et non pas de l'attaque ad hominem, dont je ne suis pas sûr que l'intérêt scientifique soit le moteur.

Certes, je l'ai dit, l'impétrante est " médiatisée " et je dois avouer que je n'avais pas prévu le battage que, sans l'avoir lu, on pourrait faire autour de ce travail. Mais je ne vois pas ce qu'un titre de docteur de sociologie peut lui apporter de plus dans ses prestations à la télévision. Cela, d'ailleurs, lui a été précisé publiquement, au moment de la soutenance. Et il serait possible, si ses propos ultérieurs devaient nuire à l'université d'en tirer les conséquences juridiques. En revanche, il m'apparaissait impossible de refuser de l'inscrire, comme de refuser qu'elle soutienne une thèse, au seul motif qu'elle aurait pu avoir des intentions différentes de la seule volonté de connaissance. (En dehors du fait que par propension personnelle, je suis non seulement peu attentif à l'aura médiatique des gens, je dois le dire, mais peut - être même naïf de ce point de vue.) Il me semble qu'un tri des candidats à un travail doctoral effectué en fonction de critères extérieurs à la discipline risquerait d'entraîner l'université française sur des voies peu compatibles avec les libertés publiques. Faudrait-il ou aurait-il fallu refuser des thèses de personnes aux convictions politiques diverses, qui auraient pu ou ont pu s'en servir dans des visées de militantisme ou de propagande politiques ?

En tout état de cause, une thèse est une contribution au débat intellectuel, lequel ne se fait pas, à mon avis, dans les médias, le " divertissement " dans le sens pascalien du terme, n'étant pas de notre ressort. J'ajoute que ce débat doit se faire en connaissance de cause (lecture de la thèse) et que nous n'avons pas à accepter que les termes de la discussion scientifique nous soient imposés de l'extérieur, par une autre discipline, qui n'accepterait pas, d'ailleurs, que la sociologie intervienne dans les leurs.

De même, alors que le climat tend à s'apaiser en sociologie, la suspicion systématique concernant les thèses sur des sujets sensibles risque d'être une attitude dangereuse, à laquelle notre discipline n'aurait rien à gagner. Il ne faudrait pas que cette thèse serve de prétexte à un nouveau règlement de compte contre une des diverses manières d'envisager la sociologie.

Je tenais à vous fournir ces précisions, en rappelant à l'encontre de ce qui a pu être rapporté dans la presse, qu'une thèse sur l'astrologie, n'implique en rien que celle-ci " rentre à la Sorbonne ". Ceci est aussi dépourvu de sens que si l'on disait que des travaux sur la " techno ", les " rave parties ", l'homosexualité, le " minitel rose " etc … avaient fait " rentrer " ces phénomènes sociaux à la Sorbonne.

 

M.Maffesoli

 

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