La liberté de la presse étant historiquement liée à l'émergence des régimes démocratiques, il est normal qu'elle soit inscrite dans leurs Constitutions respectives. Toutefois, l'existence d'une presse réellement libre ne garantit pas pour autant à toutes les composantes de la société une égale participation au débat public.
Cela peut-il s'expliquer par les impératifs économiques auxquels sont soumis les journalistes et les groupes de presse ? Le " journalisme de marché ", par exemple, va-t-il avoir raison des journaux d'opinion ? Certes, l'information a pris aujourd'hui une place essentielle dans les enjeux de pouvoir. Cela étant, le journaliste a-t-il lui-même un pouvoir réel ? Si oui, quelle est la nature de ce pouvoir ? Faut-il distinguer entre journaliste de la presse écrite et journaliste de télévision ? Peut-on parler de la presse comme d'un " quatrième pouvoir " à côté du gouvernement, des députés ou des magistrats ?
De plus en plus souvent, le journaliste suscite des " scoops ", dont le bien-fondé est parfois douteux... Toutefois, le " journalisme d'investigation " (pratique journalistique assez récente dans l'histoire de la presse) a permis de faire éclater des scandales comme celui du sang contaminé, de l'amiante cancérigène, des multiples affaires de corruption qui ont ébranlé le monde politique... Cet exemple montre qu'on ne peut pas faire un procès sans nuance aux journalistes, et, à cet égard, il nous a semblé utile de consulter Erik Neveu, spécialiste en la matière. Dans son dernier livre, Sociologie du journalisme, il s'appuie sur une documentation étoffée, qui lui permet de retracer l'histoire et l'évolution du phénomène. Son étude nous aide à comprendre le fonctionnement du travail journalistique et cela, dans tous les domaines : grands journaux nationaux, télévision, presse régionale ou locale... La réalité de ce métier - dont nous ignorons bien souvent les conditions d'exercice - détermine en grande partie la nature de l'information produite. Ainsi, Erik Neveu vérifie concrètement si le journalisme est bien toujours " un rouage de la démocratie ".
Erik Neveu est professeur de sciences politiques à l'Institut d'études politiques de Rennes, directeur du Centre de recherches administratives et politiques ( unité associée au CNRS), auteur de L'idéologie dans le roman d'espionnage, Presses de Sciences Po, 1985 : Regards sur la fraude fiscale, Economia, 1986 ; Une société de communication ?, Montchrestien, 1996 ; Espaces publics mosaïques, Presses Universitaires de Rennes, 1999 ; Sociologie des mouvements sociaux, Collection Repères - La Découverte-2000 ; Sociologie du journalisme , collection repères-La Découverte 2001.
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