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le compte-rendu

 

Il a fallu bien du courage et de l'opiniâtreté à certaines personnalités comme Véronique Nahoum?Grappe, chercheur en Sciences Sociales, pour aller à contre-courant de l'opinion dominante sur la guerre en ex-Yougoslavie depuis une dizaine d'années on entend dire : " ce sont des rivalités ethniques, on n'y peut rien ", Ou bien encore: " Il y a des horreurs dans toutes les guerres " ! Force est de constater néanmoins que la barbarie prétendument éradiquée à tout jamais est bien de retour en Europe ! Pour sa part, Véronique Nahoum-Grappe, qui s'est rendue plusieurs fois en mission en Bosnie à partir de décembre 1992, n'a cessé d'alerter dans les médias sur la réalité indiscutable du génocide. Il ne s'arrêtera pas à la Bosnie, avait-elle mis en garde. La guerre du Kosovo lui a malheureusement donné raison.

 

Le viol, arme nouvelle du génocide

 

La " purification ethnique " n'est pas une guerre classique entre nations rivales " historiquement opposées ". Aux horreurs " traditionnelles " se sont ajoutés les camps de concentration et les violences les plus extrêmes à l'encontre de toute la population civile bosniaque. La cruauté physique et morale, les charniers, mais surtout les viols systématiques ont été souvent minimisés. Cette violence systématique et aveugle, la mise en pratique de la cruauté à des fins politiques et l'utilisation des viols systématiques comme arme de guerre, tout cela fait dire à Véronique Nahoum?Grappe que l'" épuration ethnique " constitue une tentative de génocide au cœur de l'Europe.

Peut-on expliquer ces conduites criminelles uniquement par les pulsions inhérentes à l'homme ? Les conditions indispensables à ces pratiques violentes et barbares sont-elles spécifiques d'un pays ou d'un type de régime ? Y a t'il un lien entre des fantasmes collectifs comme celui de la " virilité " et le déferlement de ces tortures à grande échelle ? Autant d'interrogations pour les sociétés occidentales, car cette forme de cruauté concerne à présent l'Europe.

 

Quel avenir pour la " purification ethnique "?

 

Faut-il reconsidérer des notions comme le droit du sang ? La situation d'infériorité de la femme n'est-elle pas aussi à la base du viol, forme particulière de la cruauté qui détruit tant physiquement que moralement ? Enfin, il faudra expliquer comment notre société moderne, médiatisée à outrance a pu faire que la grande majorité des gens ont assisté sur leurs écrans de télévision à un génocide sans comprendre ou sans vouloir comprendre. Que signifie alors le mot d'ordre " plus jamais ça " quand on tente de justifier les atermoiements avant le déclenchement de la guerre du Kosovo, tout comme la non-assistance pendant la guerre de Bosnie ? Renvoyer dos à dos victimes et assassins en ne voulant pas y voir un génocide, c'est s'en rendre complice, écrit aussi Véronique Nahoum-Grappe. Plus généralement, à nier ainsi la réalité, la " purification ethnique " n'est-elle pas appelée à connaître d'autres développements en Europe ?

 

Véronique Nahoum-Grappe est Chercheur en sciences sociales au EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales). Elle a publié personnellement ou a dirigé la publication de nombreux ouvrages dont: Culture de l'ivresse Paris, Quai Voltaire, 1991, Vukovar, Sarajevo… la guerre en ex-Yougoslavie, Éditions Esprit 1993, L'ennui ordinaire, Austral 1995, Le Féminin, Hachette, 1996, Communications sur La Laideur, Seuil 1995, article "remettre au lendemain " in Sociétés et représentations (n° sur La Nuit) 1997...

Participation aux livres collectifs: de la violence de Françoise Héritier Odile Jacob 1996, parler des camps, penser les génocides livre dirigé par Cath. Coquio, Albin Michel...

 

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