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Justice et mondialisation
Pouvoir des juges ? Avenir du crime
?
Compte-rendu de la
conférence-débat prononcée par Jean de Maillard,
le vendredi 15 mars 2002, au Centre Social de Cosne
La mondialisation est un prisme pour
comprendre la justice, a déclaré Jean de Maillard. Il
est impossible de poser le problème des institutions
judiciaires en dehors de ce cadre nouveau. Mais,
précisément, quel est ce phénomène qu'on
appelle communément la mondialisation ? Le conférencier
a tenu à en analyser le caractère paradoxal et
contradictoire.
I° De la mondialisation.
La mondialisation, c'est l'ouverture des
frontières, la facilité des échanges, que
ceux-ci soient virtuels (les " autoroutes de l'information ") ou
physiques (moyens de transports importants). D'une manière
générale, avec les médias ou le Net, c'est en
définitive la possibilité de se retrouver à
n'importe quel endroit de la planète en temps réel, et
sans bouger de chez soi. Il y a là une donnée
fondamentale à ne pas oublier : la mondialisation (ou
globalisation) constitue une véritable abolition de l'espace
technologique et politique (effacement des frontières).
Mais ce phénomènes a des
conséquences inattendues. On assiste à une
résorption de la repré-sentation de l'ordre politique
comme Etat-nation (et en même temps Etat-providence) bien
délimité par ses frontières. Avant la
globalisation, tout acte, pour une entreprise, nécessitait une
autorisation ministérielle : l'importation, l'ouverture d'un
crédit, cela ne pouvaient s'organiser, jusqu'aux années
1980, que dans un cadre national très strict. Les
contrôles économiques et financiers étaient
constitu-tifs de cette tutelle politique. Dans son aspect "
providence ", l'Etat formait un cadre national autori-taire qui
organisait des systèmes de solidarité pour
réduire les inégalités. Aujourd'hui, la
sécurité sociale, le système des retraites, tout
cela est remis en question. Ces systèmes de solidarité
de type universels n'apparaissent plus comme la norme. Le R.M.I., la
C.M.U. ne sont plus que des services minimalistes et non plus
d'ambitieux programme de résorption des
inégalités. Du reste, lorsque l'Etat prétend
encore jouer ce rôle, il se trouve immanquablement mis en
accusation.
Ce retrait de la puissance
tutélaire de l'Etat engendre corrélativement la
déréglementation et la dérégulation. On
accuse fréquemment des politiques comme Reagan ou Thatcher
d'avoir créé le phénomène ; mais ils
n'ont fait qu'accompagner un mouvement déjà
engagé dans les années 70. La mondialisation n'est pas
née de l'arbitraire des gouvernements anglo-saxons. Ceux-ci
n'ont fait que récupérer ce mouvement pour attirer dans
leurs pays des capitaux qui commençaient déjà
(d) à échapper à tout contrôle. Reagan et
Thatcher n'ont fait qu'engager sur le plan national les mesures
nécessaires pour que la mondialisation s'accomplisse.
- Qu'est-ce que la
déréglementation ? Il s'agit de la réalisation
sur le plan économique et fi-nancier du fameux slogan de 1968
: " il est interdit d'interdire ". Du reste, a rappelé le
conférencier, ce slogan s'est fort bien
concrétisé également dans l'Education Nationale
! Bref : la déréglementa-tion, c'est le Mai 1968 des
banquiers et des financiers ; l'O.M.C., dans cette optique, est le
gendarme international qui veille à ce qu'on interdise
soigneusement d'interdire !
- La dérégulation est un
phénomène plus vaste, plus complexe. Il s'agit d'une
nouvelle conception de la régulation des rapports sociaux. On
passe de l'Etat-nation-providence - qui règle tout - à
la mondialisation où les rapports sociaux se règlent
d'une toute autre manière. Il existait autrefois des instances
supérieures à la société : les
politiques, avec leur bras armé, les administrations.
Maintenant, on assiste à une curieuse autorégulation.
On laisse les acteurs sociaux régler eux-mêmes les
conflits. Les autorités ne sont plus habilitées
à dire la norme et la sanction, mais elle arbitrent
après coup des situations dont elles ne sont pas les
instigatrices. C'est, en clair, la " loi de la jungle ", mais dans
son sens strict. Il ne s'agit pas d'un désordre, mais d'une
sorte d'équilibre des forces comme on en trouve dans les
écosystèmes alimentaires où interagissent, par
exemple, les lions et les gazelles. Les deux espèces
subsistent, perdurent, bien que celle-là dévore
celle-ci, laquelle conditionne pourtant l'existence de la
première. Dans ce cadre, les institutions ne peuvent prouver
leur légitimité qu'en arbitrant après coup ce
type de conflits entre les lions et les gazelles du corps
social.
En résumé, la mondialisation
consacre l'ouverture des frontières, l'épuisement des
Etats régulateurs, l'uniformisation des relations, des
échanges et des communications à l'échelle
internationale. Il faut ajouter à cela une recomposition
sociologique très forte, avec l'établissement de
nouvelles solidarités, puisque l'Etat n'organise plus ni le
social ni l'espace. Se développent alors les communautarismes,
les replis identitaires ; on ne se reconnaît plus comme
identique à (avec) son voisin de pallier, en tant que citoyens
d'un même Etat, mais on recherche, au contraire, des
similarités " culturelles ", " ethniques ", avec d'autres
individus, fussent-ils éloignés ou virtuels.
Avant la mondialisation, il existait
simplement la dualité de la vie publique et de la vie
privée. D'une part, le citoyen, égal aux autres,
n'ayant ni plus ni moins de droits, quelle que soit sa couleur de
peau, sa religion, etc. D'autre part, l'homme privé, dont
l'existence privée, sans être niée, devait pour
autant rester purement privée et ne jamais entacher le respect
de l'espace commun. Il y avait donc une négation de la
différence dans l'espace public.
Maintenant, on a la situation inverse. Il
n'y a plus cet espace public abstrait, cet
Etat-référence. Chacun est livré à
lui-même pour reconstituer les solidarités qui
n'existent plus au niveau étatique. Mais alors, les seules
solidarités que l'homme contemporain peut inventer
s'établissent désormais avec des individus qui lui
ressemblent, avec lesquels il peut former une communauté. On
ne peut exister que dans une communauté. Les " autres "
n'existent plus vraiment, au mieux l'homme communautaire les "
respecte ". Du reste, la thématique du " respect " est une
survivance de l'ancien système. Et encore s'agit-il d'un
simple respect de la différence. L'espace public n'est ainsi
plus qu'une immense cohabitation, souvent difficile, de
différences.
Les problèmes des " banlieues " ne
sont que la caricature de cet état de fait. Là
où il n'y a plus du tout d'Etat naissent des communautarismes
exacerbés, des groupes ethniques, des bandes et des
mafias.
II° Petit historique de la
mafia.
Les Italiens connaissent le
problème mieux que les Français. Si l'on fait un peu
d'Histoire, on constate que les mafias naissent lorsque l'Etat ne
parvient pas, tout seul, à exercer une socialisation
universaliste. Dans l'Italie de la fin du XIX° siècle,
plus on va dans le sud de l'Italie et plus on s'éloigne des
grandes villes, plus on a de clanisme rural. A cette époque,
l'Etat italien est faible, mais il cherche à se constituer sur
le modèle français. Or, le modèle sera à
la fois caricaturé et trahi. Dans le sud, donc, l'Etat italien
négocie avec des groupes intermédiaires la
sous-traitance du maintien de l'ordre. Cette sous-traitance est
assumée par des individus issus de clans ruraux avec lesquels
l'Etat passe des pactes. L'Etat accepte de ne pas réguler, et
ces chefs de clan imposent leur ordre dans les communautés
rurales et les petites villes. Les mafias font ainsi régner
l'ordre, même s'il s'agit d'un ordre affermé(c'est
à dire ?). A ce compte là, l'Etat est satisfait, et
corrélativement toute mafia est légitimiste (les rares
à ne pas l'être ont très mal fini). La mafia peut
alors prélever ses richesses par la violence sur la population
avec des règles de type féodal... et en toute
impunité.
III° Les mafias globalisées
contemporaines.
Aujourd'hui, la mondialisation consacre la
dérive mafieuse du monde. On peut redouter que la
criminalité ait encore de très beaux jours devant elle.
L'uniformisation des échanges constitue un grand marché
économique et financier à l'échelle de la
planète. Ce marché permettra aux groupes mafieux de
trouver un vivier à la hauteur de leurs espérances,
notamment en matière de drogue.
Un précédent a
déjà eu lieu dans les années 70.
Déjà à l'époque, on assistait à
une certaine ouverture des frontières et, en même temps,
à une grande crise morale de l'homme occidental,
commencée en 1968 et exacerbée par le conflit sanglant
du Viet-Nam. Avec 1968 triomphe l'individualisme libertaire,
l'idéologie du " tout est permis ". Peu après, la crise
du modèle occidental s'aggrave d'autant plus que ce sont des
gens issus de milieux très populaires, pauvres, notamment des
noirs, qui sont envoyés au Viet-Nam pour se faire tuer. Ils
comprennent peu à peu qu'on les a envoyés à la
boucherie pour défendre des valeurs qui, en définitive,
ne sont pas les leurs. En outre, affreuse ironie de l'Histoire, le
Viet-Nam comporte d'immenses cultures de pavot. La toxicomanie
deviendra un problème social massif dont le monde occidental
ne sortira plus. C'est sur ce terrain de la drogue que
prolifèrent les premières grandes mafias des
années 70. Les premières multinationales ont
été ces mafias des années 70 et 80. Toutes les
nationalités ou presque y sont représentées :
mafias italiennes, japonaises, asiatiques, cartels latinos, mafias
nord-américaines, jamaïcaines, etc. La
prolifération n'a jamais cessé.
En outre, l'incapacité
régulatrice de l'Etat régénère
aujourd'hui les mafias, car elles trouvent dans les groupes
communautaristes des relais et des appuis très efficaces, au
point de se confondre avec eux. En Yougoslavie, par exemple, les "
armées " qui pillent et massacrent ne sont que le bras
armé de groupes ethniques en plus ou moins grande collusion
avec des groupes mafieux, même si, par ailleurs, ces "
armées " reprennent des slogans nationaux et jouent les
vengeresses de persécutions ethniques... pour obtenir une
reconnaissance internationale.
III° Une redéfinition de la
criminalité.
On doit faire abstraction des vieux
schémas, même s'ils prévalent encore dans une
certaine rhétorique commune. Autrefois, la
société se partageait entre les gens " normaux ",
majoritaires, et les illégaux ou " marginaux ", la
minorité dangereuse. Cette vieille définition de la
délinquance voyait dans l'illégal un homme qui n'avait
pas pu " s'intégrer ", comme l'atteste la belle phrase
idéaliste de Victor Hugo : " Ouvrez une école, vous
fermez une prison ! " Or, ce vieux schéma, quoi qu'encore
très vif, est aujourd'hui dépassé. Les mafias
contemporaines ne sont pas identifiables comme une
société de la marge, ce n'est plus Alain Delon dans
Borsalino, avec son élégance vulgaire et un
cortège de prostituées derrière lui.
Aujourd'hui, les grands parrains dirigent des entreprises, des
banques, des marchés financiers, tels sont les grands
mafieux.
Certes, il y a aussi les moyens mafieux.
Les mafieux albanais par exemple, enrichis par la guerre du Kosovo,
dont le " look " évoque encore vaguement, il est vrai, le film
Borsalino. Mais il faut savoir que si on en arrête un, il y en
a dix qui le remplacent, l'argent des filles est recyclé dans
d'autres trafics, etc.
Le recyclage de l'argent est une terrible
stratégie de l'invisibilité. En France, il existe une
ville où tout le commerce est tenu par des Turcs... notamment
les agences de voyages permettant le transit des hommes et des fonds.
Le racket commercial, de même, se répand
énormément ; bien des commerçants vendent sous
la menace, leurs commerces à des prix dérisoires
à des mafieux. Et la police négocie, car, d'une part,
elle n'entre plus dans certains quartiers, mais, d'autre part, il
faut bien que l'ordre règne... car le commissaire se fait
réprimander par le préfet, qui joue lui-même sa
place en Conseil des Ministres. On envoie alors des C.R.S.
habillés en civil... pour négocier. On négocie
donc constamment avec ceux qui causent des troubles, et qui sont en
même temps ceux qui les résolvent. On a même
trouvé une famille de délinquants qui s'assurait
l'impunité grâce à la protection de
l'administration fiscale, en donnant une quote-part de ses butins au
fisc... au titre de l'impôt sur la fortune !( Ici il faut
expliquer le décès de la vieille pour qu'on comprenne
qq chose, je pense !)
Un tel climat est très dangereux.
Tout le monde se renvoie la balle. Le juge se retourne vers le
policier, le policier se retourne vers l'enseignant, etc. Le maire
offre des vacances aux voyous pour avoir la paix... A noter qu'un
maire s'est fait tabasser pour avoir refusé de financer les
vacances des délinquants locaux, sans compter les (
brûlements de) voitures brûlées.
En clair, il ne reste plus que des
communautés qui font leur propre " police ", et
dégagent des modèles de conformité(s)
sociale(s). Pour obtenir des droits, la stratégie consiste
à faire partie d'un groupe, d'une communauté, d'un
réseau susceptible d'être reconnu socialement. Et
lorsqu'il s'agit de communautés violentes et sectaires (au
sens large), le danger est grand. Les fondamentalistes religieux, par
exemple, confondent trop souvent reconnaissance de la liberté
de culte et droit d'exterminer tout ce qui n'est pas de leur
religion. Or, cette recomposition de la société nous
échappe et il est difficile d'imaginer l'avenir dans de telles
conditions.
DEBAT
Des questions ont porté sur les
pouvoirs du juge. Le conférencier a répondu nettement
que le juge n'avait aucun pouvoir social. " Le seul pouvoir du juge
concerne les individus. " Du reste, à la vieille
époque, la Justice était essentiellement chargée
de s'occuper des " problèmes marginaux des gens marginaux ",
à la rigueur des problèmes marginaux des gens " normaux
". Bref, le juge s'occupait surtout des gens qui ne comptaient
guère. Aujourd'hui, on saisit un tribunal pour tout et
n'importe quoi : un mère de famille saisit un juge pour
obliger son mari divorcé à laver le linge des enfants
lorsqu'il en a la garde ! La régulation étatique
n'existant plus, tout un chacun se tourne vers le juge. Le juge
devient un homme très demandé, lui qui auparavant
était un obscur, un homme de l'ombre. Les politiques,
notamment, ont tout donné aux juges... sauf le droit
d'embêter les politiques ! Or, les juges ne peuvent plus
aujourd'hui gérer l'abondance d'affaires ridicules et
dérisoires portées devant eux par des cortèges
entiers de " victimes ".
La délinquance actuelle se conjugue
souvent avec l'ineptie, ce qui donne une idée de la crise
morale contemporaine. Dans 90 % des cambriolages jugés
à Blois, le butin est jeté à la poubelle ou dans
la Loire. " Le fleuve est le plus grand receleur du siècle ! "
La justice est de plus en plus confrontée à ces
comportements irrationnels et aberrants, auxquels on ne peut
même pas trouver de mobiles véritables.
Autre anecdote : Blois est une ville sans
trafic de drogue ! En réalité, il y a des ordres
donnés en haut-lieu pour ne pas enquêter.
En évoquant l'affaire du juge
Halphen, le conférencier a vu dans le juge d'instruction "
l'homme le plus seul de France ", et non l'homme le plus puissant de
France. Sans appui, il est éliminé physiquement, comme
en Italie, ou institutionnellement, comme en France. Le juge
d'instruction doit demander à sa hiérarchie des moyens,
mais on ne lui en donne pas fréquemment. Cela étant, le
clivage ne peut pas être manichéen entre " vertueux
juges " et " méchants politiques ". Il existe des responsables
politiques qui appuient ce que font les juges. Les juges, de leur
côté, renvoient fréquemment au politique, et
refusent d'assumer sempiternellement la régulation de la
société.
Le débat a aussi porté sur
la notion d'équité. Le conférencier a
cité un proverbe de l'Ancien Régime : " Dieu nous
préserve de l'équité des parlements ". Dans une
république, il faut appliquer la loi avant tout.
L'équité est mal vue par les magistrats
eux-mêmes. Se serait substituer un parti-pris moral et
personnel du juge à l'autorité de la loi. Si on demande
au juge de trancher par équité on tombe en
définitive dans la dérégulation, et c'est grave,
d'autant que la loi est de plus en plus floue, et aussi, par
conséquent, l'interprétation qu'on peut en faire. En
l'absence de modèle, de référence, le juge
risque de dire " le modèle, c'est le mien ". Le dilemme auquel
est confronté le juge contemporain se situe entre le risque de
refuser de juger et celui de juger avec un despotisme tout
personnel.
A l'heure actuelle cohabitent la
dérégulation et l'obsession des droits de l'homme. Le
problème, c'est que les droits de l'homme deviennent
eux-mêmes un marché mafieux. Comme aucun pays, pour
employer une formule controversée mais juste, " ne peut
accueillir toute la misère du monde ", la saturation des camps
de réfugiés font monter les enchères du trafic
humain. Ceux qui passent, qui cachent ou qui utilisent des
réfugiés ont d'autant plus de puissance sur eux que le
pays d'accueil est saturé et que la politique officielle se
tourne vers le " retour à l'envoyeur " (comme en Italie avec
les Albanais).
Les pauvres ne sont pas les seules
victimes des mafias. Dans un conseil d'administration de
multinationale, on se croit protégé. C'est faux. On
voit, avec des affaires comme celle d'Enron, que
l'illégalité est partout, que le légal et
l'illégal se mélangent intimement : Enron est, en
quelque sorte, une gigantesque escroquerie, mais conforme à la
législation. Or, les criminels investissent des capitaux
criminels dans le licite. Inversement, de plus en plus de banques, de
P.D.G. ont des méthodes qui se criminalisent. Du coup, les
mafias menacent ces hauts financiers de dénonciation au fisc
(notamment au Japon). C'est une forme de racket en col blanc
très astucieuse : le mafieux infiltre l'entreprise... pour
surveiller les malversations de celle-ci ! Tout le monde rackette
tout le monde. Au Japon, il n'y a presque pas, officiellement, de
délinquance : c'est que les mafias règlent toute la vie
sociale.
Quelques questions ont porté sur le
thème de l'erreur judiciaire. Le conférencier a
montré que le souci d'éviter ces erreurs ne doit pas
entraîner une cascade de jugements sans fin. Il faut, en
quelque sorte, un " dernier jugement ". On ne peut imaginer un juge
déjugeant le juge qui déjuge un autre juge, sans que
cela ne prenne fin. Le juge étant déjà " la
voiture-balai du social ", il ne peut décemment être "
le balai du balai ", etc.
Les dernières questions ont
porté sur l'indépendance de la magistrature. De fait,
selon Jean de Maillard, le juge est indépendant tant qu'on ne
lui demande rien. Si l'affaire inquiète du monde en haut-lieu,
cette indépendance n'est qu'un pâle fantôme.
Inversement, trop d'indépendance dans les affaires ordinaires
déroute complètement la magistrature, et cela peut la
pousser à faire des fautes. La magistrature d'aujourd'hui
n'est plus du tout sûre d'elle-même. Un parquet sans
instructions précise émanant du politique ne sait plus
vraiment quoi faire.
Club-Réflexion du Lycée
G. Sand
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